Une biographie de Jelly Roll Morton, écrite par Claude Carrière, illustrée par Philip Paquet,
accompagnée de 2 compact discs.
Mauvais garçon, soit ; flambeur, accro du tapis vert et de toutes ses variantes (dés, cartes,
billard), passe encore ; proxénète actif et affiché, ça commence à faire beaucoup pour un seul
homme. Et comme si ce cumul de vices ne lui suffisait pas, le personnage en question, un
certain Ferdinand « Jelly Roll » Morton, né en 1890 dans les faubourgs de la NouvelleOrléans, y avait ajouté une tare de taille : il était aussi musicien à ses heures. Et pas n’importe
lequel : pianiste, compositeur, arrangeur, chanteur, chef d’orchestre, il s’était autoproclamé
« originator of jazz », rien que ça ! Orgueilleux, infatué et hâbleur, il avait eu son heure de
gloire dans les années vingt mais avait fini par lasser tout son monde par ses incessantes
rodomontades pour finir ses jours dans un relatif oubli en 1941. Et pourtant l’écoute attentive
de son travail enregistré révèle un organisateur de sons suprêmement doué et très en avance
dans le paysage musical de son époque, doublé d’un pianiste plein de fraîcheur et d’à-propos;
en fait Jelly Roll le vantard mérite lui aussi sa place dans la postérité, au même titre que ses
contemporains Louis Armstrong et Sidney Bechet.