« - ...Ecoute le disque, dit Chloé. Il y avait quelque chose d’éthéré dans le jeu de Johnny Hodges, quelque chose d’inexplicable et de parfaitement sensuel. La sensualité à l’état pur, dégagée du corps. Les coins de la chambre se modifiaient et s’arrondissaient sous l’effet de la musique. Colin et Chloé reposaient maintenant au centre d’une sphère. - Qu’est-ce que c’était ? demanda Chloé. - C’était The Mood To Be Wooed, dit Colin. » On ne saurait mieux décrire l’effet hypnotique du saxophone alto de Johnny Hodges que ne le font ces quelques lignes extraites de L’Ecume Des Jours de Boris Vian. Compagnon de route de Duke Ellington pendant presque quarante ans, Hodges a développé à son contact une sorte de perfection dans le travail du son qui en fait un des très grands stylistes de l’histoire du jazz. Le premier CD présente des petits joyaux gravés à la tête de sa propre formation, à une époque où il avait provisoirement repris au Duke sa liberté, le second propose une sélection de faces enregistrées pendant sa période ellingtonienne. La plupart d’entre elles sont fort justement passées à la postérité.