ILLINOIS JACQUET En juillet 1942 le saxophoniste ténor Illinois Jacquet n’avait même pas trente ans lorsqu’il fit irruption dans le monde du jazz par un mémorable solo sur Flying Home avec l’orchestre de Lionel Hampton. Véritable bombe dans le paysage musical de l’époque, l’esprit de cette improvisation allait marquer définitivement les esprits et donner le ton à toute une génération de saxophonistes : honkers, screamers et autres ténors velus du rhythm’n blues retiendront par coeur la leçon musclée et virile du saxophoniste. Ce que l’on sait moins, c’est que Jacquet, outre son aptitude à mettre le feu aux salles de concert (ce dont il ne se priva guère, comme l’attestent des titres brûlants comme Blues, Perdido ou encore Philharmonic Blues) savait également, et avec quel talent, détailler et ornementer les ballades de sa chaude sonorité avec une sensibilité, un feeling et un goût exquis. Oui, le matamore savait aussi se transformer en artiste sensible de émotif et l’écoute de morceaux comme Body And Soul, A Ghost Of A Chance, Pastel ou Where Are You ? donnent la mesure de l’étendue du registre d’expression de cet artiste d’exception.