L'héroïsme singulier du Capitaine ne pouvait s'exprimer que dans une langue originale. Bien sûr, l'outrage garde chez lui la force cathartique des bons vieux jurons, mais pour agonir l'ennemi, l'insulter à mort, pas de gros mots, très peu d'argot, jamais d'apostrophes grossières. Ces “sordida verba” n'ont rien de sordide. Haddock s'inscrit dans la tradition des polémistes les plus virulents, qui, de Rabelais à Vallès, Bloy ou Céline, se battent avec des mots contre les médiocres et les méchants. Grâce à lui, remis en circulation, décrochés de leur usage convenu, arrachés à la routine, ces mots - dont certains, comme “bachi-bouzouk” ou “tonnerre de Brest”, sont devenus des classiques - sont lancés en un jubilatoire et baroque mouvement qui leur donne une vigueur surprenante. Le Haddock illustré est à la fois un lexique donnant signification et emploi des termes haddockiens et un instrument culturel présentant explications historiques et étymologiques, modifications de sens, archaïsmes, régionalismes et haddockismes. Insultes, injures, jurons : pour la première fois, tout l'arsenal des “mots” du Capitaine est présenté et analysé avec autant de sérieux que d'humour.