“Je m'appelle Étienne et je suis alcoolique...” Ainsi commence le soliloque de cet homme qui revient sur son histoire et ses souvenirs. En une phrase, tout est dit, ou presque. Bruxelles, été 1979. Dans la prison où il travaille, Étienne boit. Perdu, comme il l'avoue, “sur une mince frontière entre ordre et désordres”. En délicatesse avec sa hiérarchie, il est contraint à la démission. Très vite, c'est la dégringolade, la chute sans fin. Étienne rejoint les exclus de la rue, ponctue de cuites répétées cette errance presque immobile, cette lente dérive. Toulon, Marseille, Paris. Se saboter par la boisson, obstinément. Son naufrage intime, son no man's land à lui. Peu d'ouvrages de bande dessinée avaient encore abordé de front la question de l'addiction alcoolique. L'album d'Étienne Schréder le fait avec un mélange rare de pudeur et d'impudeur, de retenue et d'abandon. L'accent de l'authenticité.