Richard emménage chez Lapinot, tandis que Lapinot cherche un appartement pour emménager avec Nadia. En attendant, la vie à trois est plutôt stressante. Heureusement, ça s'arrange assez vite. S'étant porté volontaire pour nourrir la bestiole du voisin ? on ne sait pas si c'est un chien ou un chat, ça vit planqué et ça s'appelle Dark Vador ?, Richard découvre que la bestiole est une sorte d'animal domestique "pour extraterrestre", rose avec des croûtes. (Trondheim ayant un sens aigu du cadrage dramatique, la rencontre avec l'animal est un morceau d'anthologie.) Donc le voisin est sûrement un extraterrestre, ce qui pousse Richard à redéménager. Côté boulot, Nadia a embauché Lapinot comme assistant-larbin pour ses reportages sur les excentriques. Ils ont de la matière : entre le type qui n'a pas enlevé sa casquette depuis 23 ans, les musiciens qui jouent avec leurs pieds et l'association Turquoise qui peinturlure les crottes de chiens à la bombe, les chtarbés sont nombreux et distrayants. Reste le vrai problème : si Nadia emménage avec Lapinot, ils seront ensemble 24 heures sur 24 et ça risque de saturer. Car d'après Titi, la couleur de l'enfer, c'est pas le rouge feu, c'est le gris uniforme. Toujours délicatement loufoque dans le choix de ses aventures, Trondheim reste imbattable sur les nuisances de la vie quotidienne et les états d'âme de tout un chacun. Le graphisme est jubilatoire dans les moindres détails, le ton est subtil, drôle, un rien désenchanté. Cet album devrait ravir tous ceux qui ont des copains plus ou moins pénibles (mais c'est les copains), qui cherchent un appartement sans fiche de paye, ou qui se demandent si l'enfer, c'est rouge ou gris. Ça fait du monde.