Rien de tel qu'un peu de sensibilité féminine dans une histoire d'hommes, non ? Jusqu'à présent, les rares héroïnes qui fréquentaient la dunette de Barbe Rouge donnaient plutôt dans le genre oies blanches ou héritières à sauver. L'arrivée d'Anny, compagne du célèbre pirate lors des deux derniers albums, amenait une grande bouffée d'air nouveau. Mais, langue bien pendue et pistolet vite braqué, Anny faisait plutôt penser à un garçon manqué bien qu'elle soit fille réussie. Partager la vie de Barbe Rouge ne l'empêchait cependant pas d'être sensible au charme du fils. Tout cela aurait sans doute fini par mal tourner si Barbe Rouge n'avait eu la bonne idée de disparaître au fond d'un gouffre apparemment sans fond, emporté par le trésor des Incas dans sa dégringolade.
Voici donc la belle Annie, Éric, obsédé par l'idée de reprendre une vie honnête - il est bien le seul-, Triple pattes et Baba tentant de rejoindre Porto Bello d'où ils espèrent embarquer pour l'Europe. C'est là, sous des trombes d'eau, les pieds dans la boue et le moral dans les chaussettes, qu'Annie va raconter son enfance à Eric. Une vie pauvre près des récifs de Cornouailles. Une vie qui bascule quand son père, tavernier, est retrouvé noyé. Lui qui, pourtant, jamais ne naviguait et ne savait même pas nager...
Un portrait de femme, pardon de deux femmes, car la mère d'Annie, elle aussi, vaut le détour, qui nous font oublier jusqu'à la dernière image de la dernière planche que Barbe Rouge est absent du Secret D'Elisa Davis. Même s'il en est au coeur...