Comme nous sommes au Moyen Âge, les forêts sont plus vastes et profondes qu'aujourd'hui, et nul n'ose s'y aventurer. Néanmoins, Merlin, Tartine et Jambon, qui ne sont pas " nuls ", s'y aventurent.
Mais d'abord, rappelez-vous. Merlin, c'est Merlin enfant - un gosse plutôt vilain et mal élevé, sous son joli chapeau bleu. Jambon, c'est le cochon, et Tartine, c'est l'ogre qui ne mange plus d'enfants, mais qui se retient de bouffer Jambon depuis trois albums.
Dans la forêt, ils trouvent le loup Ysengrin en mauvaise posture, la queue prise dans la glace : il s'est encore fait avoir par son copain Renart le goupil, qui est beaucoup plus futé que lui. Après délivrance du loup, les quatre compères foncent chez Renart lui casser la gueule. Mais décidément, Renart est très futé...
Nous sommes donc en plein Roman de Renart - la série originelle ayant été écrite aux XIIe et XIIIe siècles -, version Sfar et Munuera, c'est-à-dire iconoclaste. Avec quelques digressions rigolotes sur le déterminisme et la liberté de chacun (en particulier de l'auteur), l'incident du virtuel sur le destin des personnages, et le droit (ou non) de zigouiller ce salopard de Renart - un personnage du patrimoine, autant dire une légende. Sans oublier quelques détours par les Trois Petits Cochons et La Fontaine.
Le tout se lit au premier degré pour les enfants, et au deuxième degré pour les grands, qui sont beaucoup plus cultivés, ça va de soi. Ce qui n'est pas sans rappeler le cas Astérix.
Une merveille de loufoquerie et d'impertinence, tant sur le plan de l'imaginaire que du graphisme. Et bientôt, nous retrouverons les trois copains dans Tristan et Iseult. Ça promet.