L'apeupréhistoire étant une époque résolument hostile, Nab fait tout ce qu'il peut pour accélérer la civilisation de l'univers. Avec des résultats variables.
Son téléphone portable, c'est parfait æ un perroquet voyageur enregistre vos banalités, genre " ne m'attendez pas pour aller à la plage ", et fonce les restituer dans l'oreille du copain. En revanche, sa conquête de l'espace est à revoir complètement. Pour l'écriture, l'idée de départ est intéressante æ il arrache une plume au derrière d'un piaf et essore une pieuvre æ mais le résultat est décevant. (Nab est comme ça : il a des fulgurances, mais il bute sur des détails idiots.)
Il invente aussi le ping-pong et la toupie, et il trouve une manière inédite de se faire un max de pognon : l'été, les mammouths laineux crèvent de chaud, alors il les tond, il monte un atelier de tricot, et l'hiver, il revend les pulls aux mammouths tondus qui se gèlent. Quant au mystère de l'île de Paak, il vous résoud ça en moins de deux æ Paak étant un oiseau très maigre qui bouffe des pierres, traverse la mer avec ses pierres, et revient tout maigre en pleurant. (Nous ne vous en dirons pas plus.)
Et puis, l'un des charmes de la série étant l'anachronisme honteux, Herlé n'a pas peur de s'attaquer aux grands mythes modernes : King-Kong et les Shadoks. Ce qui nous vaut des séquences particulièrement burlesques, emballées avec brio par Widenlocher. Et finalement, la vie apeupréhistorique est très rigolote. Pour nous, en tout cas. Et la vie, chacun le sait, c'est le progrès de l'homme.