Thomas Müntzer constitue le second volume de la trilogie "La Passion des Anabaptistes". Il aborde la théorisation de la révolution et conte le second soulèvement populaire du début du XVIe siècle dans le Saint-Empire romain germanique.Pendant les guerres paysannes, le jeune Martin Luther prit la défense des paysans et des miséreux et prêcha des idées plutôt guerrières, suggérant par exemple de « se laver les mains avec le sang des évêques et des cardinaux de Rome ». La jeune secte anabaptiste, à cette même époque (1517), adhéra pleinement au discours de Luther et diffusa avec lui une haine énergique de Rome.Apparut ensuite, vers les années 1520, un certain Thomas Müntzer, jeune théologien atypique qui se fit rapidement connaître comme le nouvel héros de la révolte paysanne et mit en place une véritable ligue secrète et séditieuse, ayant pour objectif de déstabiliser le pouvoir en place. Ses discours étaient plus durs encore que ceux prêchés par Luther, si bien que ce dernier fit marche arrière assez rapidement et opta pour la diplomatie, préférant les intrigues et les compromissions avec les instances au pouvoir. Dérouté par ce Müntzer venu de nulle part, Luther s’éloigna de plus en plus des vues du champion des anabaptistes et finit par lui jeter publiquement l’anathème.Quatre ans après le volume I, Ambre & Vandermeulen proposent enfin le second volet de cette trilogie de "La Passion des Anabaptistes". Ecrit avec la rigueur qu’on lui connait lorsqu’il entreprend des récits historiques documentés, David Vandermeulen (Prix Château de Cheverny de la BD historique 2009 pour Fritz Haber) continue, en s’appuyant sur une importante bibliographie, sa lecture personnelle de l’histoire allemande. Ambre, par ses mises en scène et ses dessins particulièrement denses, puissants et oniriques, s’est réapproprié avec un même souci de rigueur la poésie de l’horreur humaine que les Dürer, Holbein et autres Graf, avaient su rendre dans leurs œuvres gravées. Il a pour l’occasion mis à profit ses qualités de chercheur à la Bibliothèque Nationale de France pour se documenter au mieux et tenter de traduire, avec des codes esthétiques modernes, l’oppressant malaise philosophique d’une époque, dont les thèmes centraux étaient la relation toute particulière que l’homme du XVIe siècle entretenait avec son corps, Dieu et la justice.