Je ne compte plus les fractures ouvertes que j’ai en moi. Et aucune n’a jamais guéri ».
Kazuhiko Miyaya est une énigme. Jeune prodige du dessin, il s’impose comme un des mangaka les plus prometteurs de sa génération, pour accéder au début des années 1970 au statut de véritable rockstar, admiré par la jeunesse, ses pairs, et la presse, qui ne manque pas une occasion de s’ébaudir devant ses extravagances. Alors au sommet de sa gloire, l’auteur se met soudain à publier des histoires d’une noirceur sans nom, fascinants miroirs des plus inavouables pulsions qui hantent l’esprit humain. Vite étiqueté persona non grata chez ses éditeurs, Miyaya disparaît des projecteurs et tombe dans l’oubli.
Mais le suicide commercial de ce chevalier fou à la carrière météore est une ascension artistique, que ce recueil propose de présenter pour la première fois. Trop sulfureuses pour connaître une réédition au Japon, ces nouvelles invitent à plonger dans les méandres de l’esprit d’un écorché vif, et à embrasser la beauté du chaos pour mieux explorer la complexité de la condition humaine. Écho halluciné des « pages sombres et pleines de poison » du Comte de Lautréamont, Sexapocalypse repousse les limites du manga avec une radicalité et un panache aujourd’hui encore inégalés.
Postface de Takeo Udagawa Traduit du japonais par Léopold Dahan