Gaëtan Nocq adapte en bande dessinée le Rapport Pilecki. Ce document a été rédigé pendant l'été 1945 par le polonais Witold Pilecki. Il y relate son expérience et sa mission dans le camp de concentration d'Auschwitz de septembre 1940 à avril 1943. Le texte du rapport a été publié en France par les éditions Champ Vallon en 2014.
Sur 250 pages, ce roman graphique relate le récit véridique de Witold Pilecki, officier de cavalerie, membre de l'armée secrète polonaise, qui se laisse volontairement interner dans le camp d'Auschwitz en septembre 1940 sous la fausse identité de Tomasz Serafinski. Sa mission : organiser dans le camp un réseau de résistance – il réussira à regrouper plus de 300 membres – pour créer un soulèvement. Mais l'aide extérieure nécessaire à la réussite de sa mission ne viendra pas. Menacé d'être démasqué par les SS, il s'évade du camp en avril 1943. Pendant ces 947 jours d'enfer, Witold rédigera plusieurs rapports pour l'armée secrète polonaise en attendant, en vain, l'ordre du soulèvement. Il fait partie des premières personnes à avoir informé les alliés des conditions de détention et des atrocités commises à Auschwitz. Pour Le Rapport W, Gaétan Nocq s'appuie sur le propos de Witold Pilecki : " Plus tu t'en tiendras aux faits en les relatant sans commentaires, plus cela aura de la valeur. " C'est toute la force du témoignage qui est mis en scène dans ce roman graphique. Son point de vue se situe à hauteur d'homme. Comme un reportage. L'auteur se focalise sur le parcours de Witold Pilecki – alias Tomasz Serafinski – infiltré dans le camp d'Auschwitz pour une mission de résistance. Un homme concentré sur sa mission secrète mais aussi sur sa propre survie. On suit le personnage dans sa mission d'espionnage qui apparaît impossible dans ce contexte de terreur. Mais l'espoir est là, même infime et Witold fait tout pour trouver la faille. C'est un huis-clos avec ses porosités, ses ouvertures. C'est un voyage dans un monde à part, déshumanisé par ses maîtres, mais pas par ses esclaves.