Dans l’Italie de ce début de siècle, deux frères, adolescents attardés, traînent leur désœuvrement et vivotent en vendant au compte-goutte les maigres biens laissés par leur père à leur mère. Ils n’ont pas commencé à travailler et n’en ont pas l’intention.
Les jours se passent, vacant, entre la Playstation et les films américains, les combines foireuses et les virées sur le front de mer. Il y croisent le cousin Nicola et son ami Claudio, deux lycéens qui livrés à eux-mêmes, se frottent au monde de la nuit, et à ses tares et ses dangers.
On pense au Mean Streats de Scorsese. Mais les personnages d’Alessandro Tota sont plutôt des descendants des vitelloni et Fellini et des ragazzi de Pasolini. Ils cherchent à tâtons une issus à leur vie, se cognent au barreau d’une cage invisible. Le pire serait que rien ne change.
Alessandro Tota nourrit le récit de ses souvenirs mais refuse les afféteries de l’autofiction. Loin de tout formalisme, la narration, simple et directe, privilégie la précision du décor et la complexité des personnages.
Et si Fratelli chronique une jeunesse italienne, il analyse aussi le sentiment profond et difficile, le lien étrange et redoutable, qui unissent une fratrie, biologique ou choisie. Ce par quoi il touche à l’universel.