“3”, le livre par lequel Hugues Micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s’ouvrait sur un homme avalant un poisson et s’achevait, au bout d’une poursuite insensée, devant l’encombrant cadavre de Poséidon. Depuis, les initiés attendaient, le cœur battant et les mains moites, la suite de cet ovni du 9e art, beau comme la rencontre de Ganesh et d’un yakuza sur un étal de poissonnier.
Séquelles nous entraîne encore plus loin dans la folie d’un Tôkyô factice et décalé, où les monstres se multiplient à la façon des poupées russes. Poissons volants, sirènes nymphomanes, lascars et merlans humains, la marée hésite entre burlesque et hallucination.
Un homme découvre qu’un sixième doigt lui a poussé pendant la nuit. C’est un piège mortel que le Karabouchi tend à l’espèce humaine. Savants chauves et flics stoïques n’ont plus qu’une heure pour sauver la civilisation…
Tel un torrent déchaîné, Séquelles bouscule les mythologies, son dessin illuminé convoquant, entre divinités et gangsters, les ombres de Jack Kirby et Akira Kurosawa. Puisant sa verve hilarante dans des délires coupables et empoignant sa création à bras le corps, Micol vocifère, s’esclaffe, et éclabousse le lecteur de son talent jubilatoire.