Compressé dans le métro parisien, coincé entre un enfant qui hurle et une grand-mère qui sent l'urine, Jérôme Dubois procède à un exercice de résistance mentale pour échapper à la pression de la foule blanchie par la lumière blafarde des néons. Quatre cases s'alignent dans son cerveau ; la grand-mère est rapidement mise sous terre et l'enfant abandonné sur une aire d'autoroute. Cet exercice de survie en milieu humain est pratiqué en secret par un grand nombre d'inconnus épuisés par les injonctions positives de l'époque. Mais il faut être un styliste émérite pour transformer de telles scories mentales en guillotines prêtes à officier pour le bien-être de l'humanité. La candeur de l'enfance, les miracles de la technologie, l'émancipation par le travail et la fugacité de l'existence, autant de poncifs qui sont ici consciencieusement décapités à la plus grande satisfaction du lecteur.
Car, disons-le, c'est avec un peu moins de bons sentiments et un peu plus de misanthropie que le monde sera sauvé.
Bien normal est le troisième livre de Jérôme Dubois. Dans cet ouvrage, il fait le choix de la couleur, et compose chaque histoire avec deux teintes différentes.
Après Jimjilbang et Tes yeux ont vu, ce recueil présente une nouvelle facette du travail de Jérôme Dubois et témoigne de son inventivité à toutes épreuves.