Dans une atmosphère lourde, accentuée par des lavis et des fonds charbonneux, une société s’écroule lentement face à la pénurie de métax, un mystérieux minerais enfoui qui leur a autrefois apporté l’essor économique. Les paysages, rendus lunaires par les cicatrices causées par les incessantes fouilles minières sont le théâtre d’une série de tragédies : des attentats terroristes contre le royaume, des exécutions secrètes et un étrange virus laissant des étoiles dans les yeux des malades... Pendant que l’ingénieur en charge de l’extraction du métax essaie désespérément de trouver de nouvelles pistes, l’homme de main du roi tire les ficelles pour servir la cupidité de la cour et les rebelles tentent au mieux de protéger leur secret. Inspiré par les mythes antiques, Antoine Cossé construit son récit comme une fable pour finalement basculer dans la science-fiction. Il explore ainsi l’idée d’un héros pris au milieu des mécanismes d’une société dont les rouages sont grippés et qui est lui même un maillon indispensable de la chaîne. Avec ses compositions et son découpage cinématographiques, Métax nous transporte dans un univers suffocant où les routes sinueuses semblent ne jamais mener nulle part. Cette atmosphère est accentuée par une narration tout en déliés et une ambiance «sonore» graphiquement très appuyée, jusqu’à l’arrivée de la couleur, qui surgit dans un moment d’apothéose et de délivrance. Métax est une œuvre grandiose, profonde et poétique, une exploration de la cupidité, de ses conséquences et de la possibilité de lui échapper.