Seul au milieu de sa villa, un homme au cœur brisé se venge sur sa maison d’architecte. Accablé et nostalgique, il pisse dans la piscine, gribouille les murs, casse les miroirs et détruit consciencieusement chaque souvenir de sa relation passée. Petit à petit la maison, autrefois temple de l’amour et symbole de modernité, se transforme en un lieu austère et chaotique, à l’image de ses sentiments.
Dans cette histoire construite comme une tragi-comédie en un acte, Antoine Cossé réussit le pari de nous faire rire du désespoir. Accentué à l’extrême, le comportement revanchard du protagoniste devient risible. L’absurde l’emporte sur le pathétique et on se surprend à sourire du malheur de cet homme livré à son chagrin.
L’ensemble est servi par des dessins à l’encre de Chine d’une grande beauté, où la couleur surgit par touche pour mieux évoquer l’absence. En une trentaine de pages, Antoine Cossé parvient à construire un récit en huis clos d’une grande finesse, où l’humour côtoie la désolation, pour notre plus grand plaisir coupable.