L'album de la plénitude d'un auteur de BD hors normes, à la croisée improbable de Charles Burns, Bruegel et Martin Handford.
Nous voilà embarqués dans les aventures d'un colosse pas banal et d'un petit plus que malin, tous deux fiers brigands ayant un don pour se mettre dans le pétrin comme pour s'en sortir. Le sbire d'un sultan tyrannique et monstrueux est à leurs trousses, mais rien ne se passe comme il voudrait : les deux lascars résistent, une sorcière-démon sanguinaire reste à l'affut et une prostituée, malencontreusement impliquée dans cette affaire, se révèle prête à en découdre... Et tout cela se passe, évidemment, sous le regard d'un sage sans visage, d'un lapin pas net et d'une pleine lune obsédante, pesante, qui couve toute créature et réveille chez certains les instincts bestiaux...
Pleine lune est une BD atypique et ludique, muette et en noir et blanc, qui donne toute sa place au dessin. On y entre avec une facilité déconcertante. Mêlant aventure, horreur, fantastique, comédie et tragédie, entre rêve et cauchemar, c'est un conte qui déploie un univers fourmillant et vertigineux de détails, dans lequel chaque planche est un monde. Alliant l'humour à un trait obsessionnel, à la fois naïf et d'une grande finesse, l'univers de Stanislas Moussé pourrait se décrire comme la rencontre entre Charles Burns, J.R.R. Tolkien, Pieter Bruegel et Où est Charlie ? Avec ce nouvel album pop, et après la trilogie de Longue vie, Stanislas Moussé atteint une apogée. Il pousse encore plus loin l'exploration de son imaginaire et affirme plus que jamais sa place singulière dans la BD contemporaine française.