Dans les années 1940, George Orwell écrit La Ferme des animaux, une fable dans laquelle les animaux chassent leurs maîtres humains et instaurent dans leur ferme un nouveau régime politique qui tourne vite à la dictature. Entre les lignes, on comprend qu’il s’agit d’une charge contre le stalinisme.
À l’aube de la guerre froide, cette critique de l’URSS sonne tellement juste que la CIA et les services secrets britanniques décident, en 1951, de la transposer en bande dessinée dans le cadre de leurs opérations de propagande anticommuniste. Elle sera diffusée partout sur la planète, et prioritairement dans les pays du tiers-monde, devenus l’enjeu des luttes entre grandes puissances. Et notamment en langue créole, version que nous avons traduite pour l’édition de ce document exceptionnel pour la première fois republié.
Bien que cette BD démontre la puissance et l’originalité de la propagande américaine, elle reste extrêmement fidèle à l’œuvre originale, de sorte que son contenu subversif finit par annuler sa visée contre-révolutionnaire. Car la leçon à tirer de La Ferme des animaux est que, pour faire triompher une révolution, le peuple doit se débarrasser de ceux qui prétendent en prendre la direction.