Figure éminente de la bande dessinée américaine des années 1980 et 1990, créateur de Sin City et de 300, Frank Miller a suscité autant d'enthousiasme que de critiques, générant des polémiques tout au long de sa carrière. Considéré par les uns comme un anarchiste révolutionnaire tenant un discours inédit dans une Amérique triomphante, et par les autres comme un conservateur réactionnaire incarnant un « nouvel ordre mondial » méprisant, Miller occupe encore aujourd'hui le devant de la scène, à la fois par l'énergie de ses productions et par le caractère percutant de ses propos.
Révélé au début des années 1980 grâce à sa reprise de Daredevil, la série consacrée au héros aveugle de Marvel, Frank Miller se hisse rapidement au sommet des ventes. Parallèlement, il développe un éventail de thèmes de prédilection, allant de la fascination du Japon à la corruption des élites en passant par les symboles religieux ou l'expression d'une violence visuelle inédite, il confirme son statut d'auteur important avec Ronin ou The Dark Knight Returns. En s'associant avec les meilleurs dessinateurs de l'époque, il élargit son éventail et crée Daredevil: Born Again, Batman: Year One, Elektra Assassin, Hard Boiled ou Give Me Liberty. Il y développe un discours politique complexe, outrancier et satirique qui n'est pas du goût de tout le monde.
Aujourd'hui plus actif que jamais, à la fois en tant que scénariste et dessinateur, Frank Miller surprend toujours par ses propos. L'enfant gâté des comic books n'a pas fini d'explorer de nouvelles façons de raconter, ni de pousser ses héros et ses lecteurs aux limites d'eux-mêmes.