Une chaleur de plomb. De l’autre côté des rideaux, le soleil écrase tout. Chaque été, pendant une période plus ou moins longue, les températures s’envolent, l’air manque, les corps sont las et les beaux jours n’en sont plus. En cause, le réchauffement climatique bien sûr, mais aussi la physionomie de nos villes. Denses et minérales, elles n’ont pas leur égal pour attiser les canicules qui rythment déjà nos existences. Et les années à venir ne promettent que le pire. À quoi ressembleront les zones urbaines par 50 °C ? À un mélange de toits brûlants et d’asphalte fondu, à une fournaise vidée de ses habitants ? Sans attendre que cette dystopie devienne réalité, chaque été, des citadins se claquemurent pour ne pas cuire. « Restez au frais » , clament les campagnes de prévention. Certains ne peuvent leur obéir. Sur les chantiers de BTP, dans les vignes en plein cagnard, entre les tôles ondulées des entrepôts, des hommes et des femmes triment sans que rien ne soit fait pour les protéger du coup de chaud. Ou si peu... Car la chaleur au travail a beau faire des victimes chaque année, elle n’est à ce jour l’objet d’aucun texte de loi. Mourir de chaud n’est pourtant pas une fatalité. Plus d’arbres, moins de voitures, du linge aux fenêtres, des jardins sur les toits, des horaires aménagés, des rivières retrouvées... Les chemins vers l’ombre et la fraîcheur sont moins tortueux qu’on ne le croit. Anticiper, repenser et adapter nos lieux de vie et nos manières de travailler pourrait même, au passage, dessiner les contours d’un monde plus désirable .