P. est un solitaire, il doit vivre avec ses névroses. Ainsi tous les aspects de son existence sont réglés au millimètre près. Tout est à sa place, en ordre et bien rangé. Son café, surtout, doit être chaud et bien filtré. Son petit confort personnel repose sur des rituels séquencés. Tout se passait pour le mieux jusqu’à l’arrivée de Röhner. Lorsque cette lointaine connaissance débarque à la maison, son quotidien se transforme en véritable enfer. Le pire, c’est que ce squatteur un peu balourd ne semble pas vouloir partir de si tôt. P. conçoit en conséquence tous les scénarios possibles et imaginables pour se débarrasser une fois pour toutes de ce convive indésirable.
La réalité se distord dès lors au rythme de ses funestes fantasmes. La ligne claire, schématique et géométrique, qui colle parfaitement à l’univers du protagoniste, se tinte alors épisodiquement de formes plus abstraites et expressionnistes. Max Baitinger, dont Röhner est le premier livre traduit en français, pratique l’art délicat de l’humour pince-sans-rire et truffe son récit de trouvailles graphiques et narratives audacieuses. Il compte parmi les quelques jeunes auteurs qui insufflent un vent de renouveau dans le monde la bande dessinée allemande.