Finlande, 1989 : Seppo Moisseinen séjourne sur une petite île isolée avec ses collègues. C’est l’un de ces week-ends où l’on pêche et se saoule copieusement. Sans raison, Seppo s’éloigne du groupe. Il ne reviendra jamais.
Hanneriina n’a que 11 ans lorsque son père disparait. Elle doit grandir dans une famille fragilisée affectivement et financièrement. Alors que l’adolescence transforme son anatomie, la disparition, comme une vague souterraine, entame son travail de sape. Elle voit sa mère sombrer dans l’atonie de l’alcool et le désir de suicide.
Le récit évoque, par époques successives, la métabolisation lente d’un événement traumatique particulier, celui du deuil impossible en l’absence de corps. Le dessin au crayon d’Hanneriina Moisseinen esquisse une nature finlandaise ambivalente, aussi généreuse qu’hostile. Des broderies se mêlent à la narration pour restituer le tourment et les souvenirs fuyants. L’expérience à laquelle nous invite Tango Volver est paradoxale. Pour l’autrice devenue adulte, les traces de son père se sont évanouies et il ne reste que la sensation du vide. Ce livre est à l’évidence une arme pour lutter contre l’oubli. Pour autant, c’est un récit généreux et touffu, un cheminement cathartique que Hanneriina Moisseinen nous livre en partage.