Depuis des années, Henne note sur un carnet les quelques rêves dont il parvient à se souvenir et qui lui semblent constituer matière à adaptation. Il en publie ici une dizaine. Avec leur logique si particulière, ces récits contés par le sommeil évoquent le grotesque et la violence de l’intime. Le héros est tantôt dans la peau d’un éditeur pour qui la confection d’un livre devient un casse-tête chinois, tantôt dans celle d’un médecin qui ne sait pas pratiquer la médecine, ou encore dans celle d’un enfant de cinq ans... ces histoires connaissent toutes la même fin, le réveil, qui dénoue les contradictions et met un terme à l’angoisse générée. À chaque rêve, un style différent : acrylique, aquarelle, fusain, crayon, plume, vecteur (à la manière d’un mode d’emploi), noir et blanc, bichro, quadri... un traitement de l’image aussi variable que la fantaisie des rêves qui semblent, malgré leur incongruité, toujours évidents aux yeux de ses acteurs. Son univers trouble s’échafaude en contrastes et en nuances, et emmène son alter ego de papier, comme son lecteur, aux abords d’un monde désenchanté.