Je n’aimais pas être une fille, je ne me sentais pas fille et je ne ressemblais pas à une fille. Il me semblait impossible de faire de moi une fille. Il m’est donc venu l’idée de devenir un homme.
C’est par ces mots que Nell Pickerell se confie au Seattle Times. Vêtu des habits élimés d’un cow-boy, celui qui a abandonné son nom et son genre pour se faire appeler Harry Allen est un sujet de railleries et de défiance. Son casier judiciaire long comme le bras a fait de lui une célébrité locale à la réputation douteuse. Face au journaliste, il se raconte.
Harry Allen vient au monde le 11 septembre 1882 sous le nom de Nell Pickerell, une enfant de sexe féminin. Son certificat de décès indique la date du 27 décembre 1922. Une vie courte, mais intense. Quarante années durant lesquelles Harry se distingue autant par son épais casier judiciaire que par la cinquantaine d’articles que lui consacrent les journaux de la région de Seattle. Fascinés par le personnage, les quotidiens le surnomment affectueusement « Harry » ou « notre Nellie». Ces articles m’ont permis de retisser le canevas de son existence, m’efforçant, par une importante documentation, la force de suggestion des non-dits et mon imagination, d’en compléter la trame. J’espère être parvenu à lui rendre hommage. Comme John Ford le fait dire à un de ses protagonistes dans le film L’Homme qui tua Liberty Valance : « Quand la légende surpasse la réalité, imprimez la légende. »
Stéphane Tamaillon
Hors la loi, l'histoire vraie d'un cow-boy transgenre