"D'un côté Manchette, de l'autre Tardi. Le petit bleu de la côte Ouest nous parlait sur fond de Gerry Mulligan et Bob Brookmeyer, du temps d'alors, de la crise profonde d'un homme, reflet de celle du monde qui l'entourait. Le temps d'alors est celui d'aujourd'hui. La crise est toujours là, sans doute encore plus profonde. Et Gerfaut continue d'avoir le "blues" et à tourner sur le boulevard périphérique extérieur de Paris, vers trois heures du matin, à 145 km/h, à la rencontre d'une inévitable violence. Tardi a trouvé l'équivalent graphique, "réaliste et critique", de ce monde perdu et violent. Il pratique l'arrêt sur image avec une précision clinique, notamment lorsque tout dérape. Fidèle à l'esprit du texte, il s'est gardé de faire "davantage qu'un polar". À l'heure où Manchette accède aux collections "littéraires", il s'est fait un point d'honneur d'entrer dans son univers. On peut tout aussi bien dire qu'il a invité Manchette dans le sien." François Guérif.