Comme la conjonction des couleurs de l’arc-en-ciel se mue en lumière blanche, ainsi le silence de Berlin naît du fracas des décombres et des ruines d’un monde beuglant. Orphéons désaccordés, chants avinés surgis du bier stube, les “meine liebe” éperdus, le cri angoissé du tigre prisonnier du jardin zoologique, les cabarets aux plaisirs ambigus, les musiciennes aux seins nus et les seins suggérés des putains, Dame Misère qui s’égosille en refrains de Kurt Weill : la musique du temps qui passe. Et sur cette cacophonie danse Fred Capitole, le gamin sorti d’un ventre de hasard, et qui glisse vers nulle part. En chemin, il croise des tsiganes, des dames qui le prennent en amitié, et il découvre que la vie peut aussi s’allonger entre des draps de soie. C’est cela, Berlin entre les guerres : la faim et l’amitié, la survie et l’amour, les expédients et la luxure, les lumières de la vie.