Commencée en 2004 dans Charlie Hebdo, la parution de La Vie Secrète des jeunes fête déjà sa huitième année avec ce troisième opus. Fidèle à sa ligne de départ, Riad Sattouf développe une taxinomie sans appel des tares de nos contemporains, basée sur une stricte relation de conversations entendues dans des lieux publics. L’accumulation des planches donne une consistance impressionnante à l’ensemble, et la chronique devient autobiographie quand on commence à saisir les coïncidences et les obsessions personnelles de l’observateur. Sa fascination pour les dialogues aberrants ou son attrait pour les scènes de ménage misérables nous ramènent alors bien évidemment vers les thèmes favoris que Riad Sattouf développe dans son œuvre de fiction (Pascal Brutal, Les Beaux Gosses…). Couples en débâcle ou insupportés par leurs enfants, célibataires dépressives, musulmans concupiscents, adolescents incultes: derrière le rire, c’est bien l’inquiétude qui pointe. La Vie secrète des jeunes est donc plus qu’une légère rubrique de presse, et pourrait bien être la clef de voûte de l’univers de l’auteur.