C'est à la fin des années 1980 que Lewis Trondheim a dessiné les premières planches de Psychanalyse, dans son fanzine ACCI H3319, puis dans l'éphémère mais fondatrice revue Labo. Édité ensuite chez Le Lézard, Psychanalyse s'est vu augmenté, en 1992, d'une deuxième partie intitulée Monolinguistes. Après deux rééditions, ce petit opuscule était devenu introuvable. Chef-d'œuvre du courant minimaliste du début des années 1990, Monolinguistes & Psychanalyse illustre à merveille la force et la radicalité des procédés les plus simples, et la grâce des cases agrandies à la photocopieuse. À rebours total de l'esprit de l'époque, Lewis Trondheim y affirmait ainsi qu'il n'est plus besoin d'être un virtuose du dessin pour s'imposer comme un auteur de bande dessinée: le talent et l'audace suffisent. Monolinguistes & Psychanalyse révèle le sens du dialogue et l'humour féroce de Lewis Trondheim, qui répetera l'exercice avec JC Menu dans Moins d'un quart de seconde pour vivre, et frappera encore les esprits en "apprenant à dessiner" deux ans plus tard pour Lapinot et les Carottes de Patagonie. Une œuvre fondatrice donc, annonciatrice des bouleversements qui vont suivre, enfin accessible à ceux, nombreux, qui depuis des années se languissent de sa lecture.