Dans Happy Place, Max Baitinger propose une série de récits autour de la recherche d’harmonie dans une vie quotidienne pleine d’absurdités. Qu’il s’agisse de prouver à son ordinateur que l’on n’est pas un robot, de payer à un prix exorbitant un abonnement à un club de gym ou de faire face à des clients mécontents, le monde déployé dans ce recueil est souvent trompeusement pastel.
Le personnage de Happy Place semble être en caoutchouc. Longilignes, ses jambes souples se tordent et se transforment en arabesques, avant de se rigidifier quelques pages plus loin en de longs bâtons. Son corps malléable fait écho à la typographie des titres de chapitres ou à la silhouette filiforme d’une cigarette. Faisant preuve d’élasticité et d’adaptabilité, notre bonhomme artiste s’arque en une étrange danse : de la lassitude, il passe au soulagement, s’affale sur sa chaise, se laisse tourmenter par des machines de sport, obéit avec attention aux demandes de son ordinateur. Le dessin de Maxi Baitinguer se fait ainsi tantôt pictogramme, tantôt guimauve, teintant les récits de Happy Place d’un surréalisme joueur.