Aboutissement de plusieurs années de maturation, Sylvie Fontaine illustre dans son Poulet du dimanche une chronique de la métamorphose.
Succession de saynètes de la vie quotidienne où chaque individu devient l’objet de mutations toujours déconcertantes, le livre met en jeu des rapports humains soudainement transfigurés par cette intrusion du fantastique. En quelques cases, un repas de famille dégénère en cabinet du difforme. Un rendez-vous galant devient chaos émotionnel. Les membres ou les visages prennent des formes montrueuses ou séduisantes. Les décors eux-mêmes se trouvent entraînés dans une poésie du quotidien.
Suivant minutieusement ce principe, l’auteur dissèque dans les différents chapitres du livre les frustrations et les bonheurs de l’adolescence, des rapports amoureux ou encore de la maternité. Accompagnant ces variations thématiques, le dessin se métamorphose lui-même, évoluant d’un traitement réaliste à une approche plus cartoon, en passant par des dessins très expressifs réalisés au pinceau. L’ensemble forme une narration muette qui, à l’instar des rêves où tout s’enchaîne sans causes ni conséquences, invite à la contemplation.
Sixième album de Sylvie Fontaine, notamment après Cubik (La Cafetière) et Calamity (BFB), Le poulet du dimanche est préfacé par Mœbius.