Marlisou est une belle et courageuse toxicomane. Après s’être injectée sa dernière dose, elle décide de braquer son dealer, d’empocher le reste de la came et de s’enfuir fissa le plus loin possible. Poursuivie par ses fournisseurs et par la police toujours complice, elle finit par s’envoler dans les airs à bord d’un dirigeable. Jusqu’ici rien de plus banal. Reste que son périple la conduira aux confins troubles de l’espace et du temps ; au crétacé comme sur mars, dans un phare comme dans le cosmos, dans une fuite en avant qui jamais ne se lasse de la voir trépasser. Marlisou de Pierre Ferrero est un livre étrange tenant à la fois du film Un jour sans fin où Bill Murray est condamné à vivre en boucle la même journée que du roman paranoïaque à la William S. Burroughs. L’auteur nous plonge dans un univers angoissant dont l’héroïne, seul personnage muet de la BD, est la victime d’un narrateur démiurge et sadique, à la fois conscience du héros et conteur de ses supplices. Dans un style mêlant à la fois un dessin naïf conscient à des compositions en cubisme léger, Pierre Ferrero nous livre ici un récit angoissant et drôle, qui lorsque s’effacent les sourires des premières pages laisse une curieuse impression de malaise existentiel.