Le 2 juillet 1831, une éruption volcanique fait émerger une île dans le bras de mer qui sépare la Sicile de la Tunisie. Sa souveraineté est aussitôt disputée. Dès que la nouvelle se répand, l'Angleterre y dépêche un bateau et la France y mène une expédition scientifique. Tous veulent être les premiers à planter leur drapeau sur le point le plus élevé de cette nouvelle terre. Mais, ce jour-là, c'est Salvatore, humble pêcheur du tout proche port de Sciacca de sortie en mer, qui a assisté à la naissance de l'île. Quelques jours plus tard, attiré par le spectacle grandiose de l'éruption, il revient sur les lieux et pose son pied sur la terre brûlante. Il en ramasse machinalement un gros caillou avant de rentrer au port.
La nouvelle de l'exploit de Salvatore s'ébruite et Ferdinand, roi des Deux-Siciles, voyant d'un très mauvais œil l'intrusion dans ses domaines de deux grandes puissances, fait convoquer Salvatore par un de ses fidèles : cette terre est sicilienne, un sicilien y a posé le pied en premier et ce caillou en est la preuve ! On propose donc à Salvatore d'en devenir le gouverneur. C'est une chance inespérée ; Salvatore n'y voit que la fin de ses peines. Il sera riche, puissant et pourra enfin épouser la belle et inaccessible Antonia...
S'inspirant d'un fait historique – l'existence éphémère de l'île Ferdinandea –, Andrea Ferraris tisse un récit où s'entremêlent aventure et roman psychologique. De l'époustouflant coup de crayon de Ferraris émergent des personnages habités par l'ambition, la passion et la cupidité. Comme un volcan sorti de la Méditerranée, ils s’agitent, mais demeurent cependant prisonniers de l'ordre et des conventions sociales qui finiront par les engloutir, tout comme la mer engloutira bientôt l'île Ferdinandea.