Peter Hickey, retraité, a trois passions : Dieu, les oiseaux et les enfants. Mais cet ornithologue amateur souffre de ce qu’on pourrait appeler "le syndrome du Saint" et il se voit fusionner avec le Tout-Puissant et sa création ; cependant, si le Dieu qu’il invoque lui reste muet, les oiseaux n’hésitent pas à l’insulter et lui reprochent ouvertement son attirance inadaptée envers les enfants.
Peter, lui, est dans le déni total, affirmant « être aux pédophiles ce que les ornithologues sont aux chasseurs ». Sa vie, tout entière solitude et évitement, éclate en morceaux le jour où Mortimer, son meilleur ami, est arrêté pour trafic d’images à caractère pédophile.
Dans Le Goût des oiseaux, Francisco Sousa Lobo aborde la pédophilie avec intelligence, chaque touche, comme l’écrit LL de Mars, « nous faisant lentement approcher la psyché de la figure centrale [...] de manière à produire, très finement, plus de questionnement et de trouble que de réponses ; ce sont les mouvements de fond des représentations de l’enfance chez l’adulte qui sont décortiqués, exposés à la lumière de désirs informulables, conduits dans de beaux couloirs métaphoriques, plutôt que la lecture factuelle d’une criminalité sexuelle tangible ».
Récit aux tons poétiques et mélancoliques, ponctué de silences et de décalages subtils entre texte et images, Le Goût des oiseaux laisse s’exprimer l’extraordinaire talent narratif de Francisco Sousa Lobo.