A l’approche du 4 août, la terreur s’empare du quartier, car tous les habitants savent que la mystérieuse malédiction va inexorablement s’abattre: chaque année, durant la nuit du 4 au 5 août «quelqu’un» disparaît. Les précédentes victimes avaient toutes quelque chose en commun, une particularité, un «défaut de caractère» qui en faisaient des exclus, ou des «invisibles» comme les appelle Josepha. Josepha, c’est le rayon de soleil du coin; sans relâche et avec abnégation, elle fait sa «tournée», apporte le journal, boit un café, et tente à tout prix de créer du lien et de n’oublier personne. Mais le 4 août approche… Avec son parfum doux-amer et son atmosphère mélancolique, La Nuit du Misothrope ne se veut pas un «polar» et d’enquête ici il n’est pas question, et le petit monde mis en scène dans ces pages nous interroge bien plus sur des notions comme l’exclusion, la solitude et la dévouement que sur la recherche d’un éventuel coupable.
Après une poignée d’albums aussi remarqués que remarquables, Gabrielle Piquet vient faire un petit tour chez Atrabile avec un livre où l’auteure s’est pour ainsi dire réinventée: narration et écriture sont toujours d’une aussi grande finesse, mais le trait lui, s’aventure désormais sur d’autres terrains, d’autres versants; loin de toute chapelle, Gabrielle Piquet trace sa route sans se soucier des modes et des tendances, avec toujours autant d’élégance et de sensibilité.