Le monde se meurt. Le temps ne paraît plus s’écouler normalement, l’univers se délite et différentes couches de réalité semblent se juxtaposer. C’est la fin, et pourtant, il pourrait y avoir un plan B pour sauver le monde, une grande « sauvegarde » vers autre chose. Sur des prémices science-fictionnelles à première vue mille fois traités («la fin du monde»), Joseph Callioni bâtit ici une œuvre qui a quelque chose de profondément inédit; à travers une esthétique imprégnée de surréalisme et peuplée de visions fantastiques, évoquant aussi bien la gnose que la physique quantique, Venera est un livre qui bouscule et interpelle tout en faisant une belle place à l’imaginaire et au voyage intérieur. Entre La Planète impossible, son précédent livre, et Venera, Joseph Callioni a opéré une belle mue artistique, délaissant (partiellement) un trait tout en finesse et une certaine forme de ligne claire pour quelque chose de plastiquement plus charbonneux et plein, mais pas moins élégant, ni surprenant. Les deux livres, qui ont autant de points communs que divergeants, partagent un amour assumé pour les situations incongrues et un humour décalé et imparable.