Yeon-lee et ses amies forment un groupe de quinquagénaires pour lesquelles la vie n’a pas toujours été une partie de plaisir. Mère de trois enfants, désormais célibataire, employée dans un société de nettoyage, Yeon-lee jongle comme elle peut avec les aléas du quotidien: un fils glandeur peu pressé de quitter le giron maternel, un patron adepte du mobbing et farouchement opposé à la création d’un syndicat, un amant instable, coureur de jupon et accro à la bouteille… Dans l’entourage de Yeon-lee, les choses ne sont pas beaucoup plus reluisantes, et toutes ses camarades se démènent dans des relations et des histoires «d’amour» aussi périlleuses qu’insécures: queutards pervers, chef libidineux, amants manipulateurs, bref, un florilège de personnages toxiques et désespérants. C’est en se basant sur les confessions de sa mère (à laquelle l’auteur a confié un beau carnet pour que celle-ci y décrive, sous la forme d’un journal intime, sa vie, ses amies et ses histoires d’amour) que Yeong-shin Ma a réalisé Les Daronnes, et ce qui aurait pu virer au témoignage sordide et pathétique est transformé ici en une comédie échevelée, certes un peu trash, mais dénuée de mépris pour ses personnages. Car ces daronnes sont incroyablement déterminées, et malgré leurs origines modestes, malgré les accidents de la vie qui jalonnent leur parcours, elles font face à l’adversité et se relèvent sans cesse, portées par une volonté de s’en sortir et de trouver leur propre version du bonheur. La vie et les rêves ne s’éteignent pas passés cinquante ans, c’est peut-être même là qu’ils commencent, semble nous dire Yeong-shin Ma à travers Les Daronnes, et une fois le livre refermé, on a toutes les raisons de le croire.
Les Daronnes a reçu le Harvey Award du Meilleur livre étrangerl en 2021.