Quelle chance ! Tomber, par hasard, sur elle, une sommité dans son domaine, une figure importante, voire incontournable, – avant — et aujourd’hui complètement oubliée. Le magnétophone s’enclenche bientôt chez la vieille dame pour enregistrer et surtout restituer une entrevue forcément rare, au milieu d’un fatras d’objets qui donne au lieu un côté cabinet de curiosités. Celle qui est aussi archéologue amatrice semble s’intéresser au passé, à ce qui a été et ce qu’il en reste, mais aussi à ce qui a disparu et a été oublié ; de souvenirs en divagations, d’évocations en digressions, la discussion suit son chemin sinueux et nous emmène des animaux disparus aux dieux égyptiens, de Gulliver à Jean-Joseph Carriès, et auprès de bien d’autres choses encore. L’Oubliée est une œuvre d’une grande délicatesse, et dont le propos renvoie à bien des questionnements passionnants : Comment interpréter les vestiges du passé ? La mémoire est-elle la clé d’une certaine forme d’immortalité ? Et quid de toutes celles et tous ceux qui ont été oubliés ?… À l’arrivée, c’est avec beaucoup de finesse, mais aussi d’inventivité, que Benoît Preteseille dresse, en creux, l’étonnant et touchant portrait de cette oubliée.