1969, année érotique… Aux États-Unis, Robert Crumb poursuit sa croisade contre le bon goût et la décence en couvrant les pages de SNATCH COMICS, de lolitas grassouillettes et de fermiers zoophiles. La petite revue underground se réclame des célèbres « bibles de Tijuana ». Surgies en pleine Dépression, fabriquées et vendues clandestinement, ces bédés pornos, où le panthéon de la culture populaire, de Popeye à Garbo, en passant par Donald Duck, fornique joyeusement tout ce qui bouge, sont les premiers vrais « comics » et annoncent aussi bien Mad que Zap. La pornographie est un art difficile, qui demande à la fois honnêté, brutalité et rire. Les vigoureux dessins de Crumb insultent donc tous les tabous, de l’inceste à la pédophilie, et bafouent allègrement la dignité humaine, et même animale, sans distinction de sexe, d’âge ou de couleur. Les pudibonds et les hypocrites y trouveront aujourd’hui comme hier, de quoi alimenter leur indignation ô combien vertueuse. Les autres se réjouiront de voir Crumb ramener la bande dessinée sur le trottoir où elle est née avec le blues et le jazz, et retrouver la qualité brute et anarchique des dessinateurs anonymes des « bibles de Tijuana ».