Dans l’Italie des sixties, cinéma «giallo» et «fumetti neri» secouent le joug de la décence démocrate-chrétienne et élèvent le mauvais goût au rang d’art populaire.
Usant au mieux du petit format et du noir et blanc économique des fascicules pour adultes, Roberto Raviola, alias Magnus, peuple ses bandes dessinées érotiques de personnages séduisants et malfaisants qui font passer pour de grands dadais stéroïdés les super-héros des «comics» américains.
La scientifique Frieda Boher est nécrophile. Cette émule lubrique du bon docteur Frankenstein se bricole un amant parfait avec des morceaux de cadavres « premier choix ». C’est ainsi que naît sous son scalpel virtuose, le géant NECRON, qui se révèlera un cannibale d’une sentimentalité pathétique.
D’orgasmes séismiques en carnages homériques, la faiseuse de monstres et sa créature phallique, descendants dépravés de Mary Shelley, revisitent à grand fracas décors et thèmes de la littérature romantique.
Alors que triomphent le bon goût et la morale publique, il était temps de ressusciter ce réjouissant avatar du roman gothique et d’enseigner aux petits lecteurs que si la nécrophilie est, comme le dit la doctoresse Boher, un mal qui ne pardonne pas, elle permet au moins de passer des moments bien sympathiques.
Et mort au « politiquement correct » !