Tous les amateurs le savent, Robert Crumb n’aime rien tant que chevaucher les croupes bien rebondies des jeunes fans qui viennent le solliciter pour un dessin. Cette manie, qui suscite aujourd’hui tant de commentaires amusés, trouve son origine dans une adolescence pétrie de puritanisme et de rêve américain.
Car si les “Happy Days” étaient pleins de promesses pour les jeunes premiers de la société de consommation, ils savaient se montrer sans pitié avec les faibles, les binoclards et les puceaux boutonneux.
S’il a depuis longtemps effacé ses années difficiles grâce aux conquêtes sexuelles que lui a apportées la gloire, Robert Crumb n’en a pas pour autant oublié les souffrances et les humiliations qui ont fait de lui ce qu’il est.
Mais il a su les exorciser en consacrant à sa misère passée quelques-unes de ses plus célèbres histoires, recueillies dans ce nouveau volume de l’anthologie Crumb (qui reprend et complète une sélection de pages déjà parue dans les années 80 chez Albin Michel, sous le titre “Mes femmes”)