Les berniques sont des petits coquillages qui s’agrippent au rocher, connus aussi sous le nom de patelles. Dans un sens plus figuré, le mot décrit des choses sans importance. Au singulier, utilisé comme une interjection, il signifie « Pas question », « Que dalle », « Non ».
Des berniques est l’histoire d’un couple sur le point de se séparer. Ou pas. Comment le savoir lorsque les mots sont impuissants à décrire ce qu’ils ressentent l’un et l’autre ? Discrètement, on les suit lors d’un week-end au bord de la mer, séjour dont on suppose le caractère décisif. L’air iodé peut-il raviver les sentiments ? La nature peut-elle fournir des sujets de conversation aux amoureux fatigués ? On ne sait pas. Le ciel est menaçant, la maison trop grande, la langueur omniprésente… Les deux amants guettent l’éclaircie salvatrice, retardant l’échéance, se réfugiant dans le mutisme et les propos anodins… Mais ce sont désormais les corps, les objets, la campagne qui parlent à leur place, exprimant pour eux les non-dits qui les séparent et orchestrant les indices qu’ils feignent d’ignorer.
Le trait subtil et nerveux de Sébastien Lumineau dépeint avec grâce la mélancolie de l’amour qui s’en va. Son sens de l’ellipse, la simplicité apparente de ses constructions, la puissance évocatrice de son noir et blanc irradient une histoire dont l’essentiel se joue à l’arrière-plan, sans artifices, dans la pénombre des cœurs.
À des années lumières de la fiction cinématographique française et son cortège de couples bavards, Sébastien Lumineau réussit avec Des berniques un bijou d’équilibre et de justesse, une tragi-comédie silencieuse qui confirme qu’il fait partie des auteurs les plus singuliers de sa génération.