Le père Louis Lenoir est un prêtre jésuite né le 14 février 1879 à Vendôme (Loir-et-Cher). Lorsque la guerre éclate, il est professeur à Marneffe, en Belgique, exilé par les lois anticongrégationistes de la République. Répondant à lappel aux armes, il rentre en France pour sengager comme aumônier militaire « afin de mettre Jésus-Christ dans la vie et lâme de ceux qui allaient se battre ». Souhaitant être au plus près des combattants, il est affecté auprès de la 2e division dinfanterie coloniale. Durant plus de trente mois, il ne cessera daccompagner sa division sur tous les champs de bataille : en Champagne, dans la Somme et à Salonique. Inlassablement, il nhésite pas à monter en première ligne ni à multiplier les kilomètres pour venir en aide aux blessés et orienter les âmes de chacun vers « le Bon Dieu », comme il aimait lappeler. Son message était dautant mieux accepté par tous quil se montrait à la hauteur de ce quil exigeait. Un soldat aurait dit du père Louis Lenoir, pour le décrire à sa famille : « Notre aumônier a le diable au corps pour faire aimer le bon Dieu ! ». En novembre 1916, le Père Lenoir rejoint le front dOrient, puis en 1917, les coloniaux montent en ligne à lest de Monastir et sinstallent face aux positions bulgares, dominées par le Piton Jaune (1.055 mètres daltitude). Le 9 mai 1917, alors quil sen va porter secours à des blessés tombés près des lignes ennemis, labbé Lenoir prend le risque de se mettre à découvert et se fait faucher par la mitraille bulgare. Sur sa dépouille, deux lettres sont retrouvées. Dans la première, adressée à ses parents, il écrit : « si cette lettre vous parvient, cest que notre Divin Maître vous aura fait un très grand honneur : après avoir donné à votre fils les grâces de la vocation religieuse et du sacerdoce, Il lui aura donné de mourir en servant à la fois Dieu et la France ». La deuxième lettre est adressée aux hommes de son régiment. « De tout mon coeur de Français, je leur demande de continuer à faire vaillamment leur devoir, à maintenir les traditions dhéroïsme du régiment, à lutter et à souffrir tant quil faudra, sans faiblir, pour la délivrance du pays, avec une foi inconfusible dans les destinées de la France », écrit-il. Mort pour au service de la France et de lÉglise, labbé Lenoir a laissé derrière lui un Livre de prières du soldat catholique. « Vous êtes fiers dêtre soldats, soldats de la France, soldats de tel régiment dont le drapeau évoque tant de gloire ; soyez plus fiers encore dêtre catholiques, cest-à-dire soldats de Jésus-Christ et de lÉglise sous le drapeau de la Croix qui rallie tous les élus », y affirme-t-il. « Soyez fiers daller à lÉglise, de prier Dieu, de vous approcher de Lui dans la communion ».