Au début des années 1930, dans la petite ville industrielle de Thaon-les-Vosges, un groupe de jeunes vierges secrètement consacrées au Christ — les « sœurs Bernadette » — mettent au point une saisissante méthode de catéchisme basée sur l’usage de dessins au pochoir : des silhouettes noires sur fond blanc.
Ainsi débute l’« épopée Bernadette » : l’aventure inouïe d’une communauté de femmes qui, durant trente ans va penser, s’exprimer, agir et combattre en images. Car l’aventure est guerrière. Il s’agit de faire pièce aux dépravations intellectuelles, morales, politiques et artistiques du monde moderne.
Sur le plan des images, il s’agit de lutter pied à pied « contre l’art matérialiste, cubiste et communiste ». Il s’agit, autrement dit, d’allumer, au cœur du XXe siècle, un contre-feu à la modernité. Blanc contre noir. Images contre images.
« L’enseignement par silhouette offre le maximum d’impression photographique sur la rétine » : les sœurs Bernadette dessinent au pochoir des images d’une singulière efficacité. Images découpées au couteau et aux ciseaux. Images tranchées.
Près de soixante-dix ans après leur invention, les Éditions Matière ont retrouvé ces centaines d’images et en ont (re)monté l’essentiel sous la forme d’une bande dessinée. L’extraordinaire puissance visuelle et narrative des silhouettes Bernadette est là, intacte. Par l’effet de ce montage inédit, la Méthode se raconte elle-même, met au jour le récit de son invention, dévoile ses enjeux, ses ambitions, son ascension et sa chute : l’interdit jeté sur elle par l’Église, ses vaines tentatives d’autocensure, et enfin la longue occultation dont elle a fait l’objet jusqu’à aujourd’hui…Préface par François Cheval, directeur du musée Nicéphore Niépce (Chalon-sur-Saône).Postface par Sonia Floriant, docteur en sciences du langage, enseignante en école d'art.