978, ce sont les premiers chiffres du barcode d’un livre; 9,7,8... le compte à rebours erratique d’une explosion primordiale, qui survient quand elle veut et surviendra encore. Pascal Matthey a travaillé à la réalisation de 978 pendant près de dix ans, à une époque où les inquiétudes liées à la surpoduction de livres étaient encore réthoriques.
978 est entièrement composé à partir de catalogues, d’affiches, d’imprimés promotionnels d’éditeurs de bandes dessinées. Ces images déclassées, souvent directement vouées aux déchetteries, Matthey les a méticuleusement atomisées, chirurgicalement décomposées, réordonnées, cut&pastées sur papier, aux ciseaux et à la colle.
978 est une synthèse, un pot-pourri de bande dessinée: une suite de cases avec des formes, des couleurs et du rythme, un magma devenu visible sans pétrification, un magma lisible, le chaos livré absolument. 978 transforme le champ de la bande dessinée. Il en fait d’abord un compost, un terreau, le matériau même de la création. Il en produit de nouvelles formes et une nouvelle lisibilité, une narration non pas abstraite, mais concrète. 978 appartient donc bien au genre bande dessinée. Il raconte même une histoire, mais de celles qui ne se résument pas.