Après Guerre, récit très personnel ayant attrait à la mort et à l'amitié, Marion Jdanoff poursuit son travail de prospection personnelle.
Cette fois, on reste sur le terrain relationnel mais personne ne va mourir. La question est plutôt "comment être proches ?"
Baguenaudes est une tentative pour se sortir des fréquentes embûches qui ponctuent les relations intimes et la proximité des corps.
Marion Jdanoff l'a avant tout fait pour elle, parce que son rapport aux interactions physiques lui semble compliqué.
Il lui a paru soudain évident que le dessin et le récit en image serait le moyen idéal pour explorer ce terrain accidenté.
Elle s'en sert comme de formidables outils d'invention, de matérialisations d'imaginaires, d'émotions.
L'exercice est doublement passionnant : quelles images fabriquer et comment les fabriquer.
Baguenaudes est une boîte à outils un peu bordélique qu'elle peut ouvrir pour raconter son rapport aux corps. Le sien, celui des autres. Un mode d'emploi et une boîte de jeux.
Son profil Tinder en quelque sorte.
Pourquoi publier une recherche aussi personnelle ? Bonne question. Parce qu'elle n'est pas un cas isolé.
Nous sommes pris.e.s dans des maillages complexes de rapport de pouvoirs qui se logent jusqu'au fond de nos corps. Il n'est pas si étonnant que nous rencontrions des difficultés aux mêmes endroits.
Comment inventer un truc à soi ? Comment et de quoi parler ? Se proposer des imaginaires, les construire, seul.e, à 2, à 3, à 18. Savoir les partager et les ajuster. Bref, d'abord baguenauder, l'alpinisme hyper technique viendra après .
Et seulement si on en a envie.
L'idée ici est de bricoler une série d'outils et les espérer ré-appropriables.
D'où le pari de sortir Baguenaudes du tiroir.